Définition de LANGUISSANT, ANTE

DÉFINITIONS - SYNONYME - HISTORIQUE -

Prononciation : lan-ghi-san, san-t'

DÉFINITIONS

1
Qui languit. Un malade languissant.
Un excès de plaisir nous rend tous languissants, Et, quand il surprend l'âme, il accable les sens
de Pierre CORNEILLE dans Cid, IV, 5
La pauvre Madelonne [Mme de Grignan] est toujours languissante ; sa mauvaise santé fait le plus grand chagrin de ma vie
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 27 fév. 1679
Nature : Substantivement.
L'on m'oblige de faire résonner à vos oreilles les gémissements des infirmes et les plaintes des languissants
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 1er sermon, Fête de tous les saints, préambule
Même sens, en parlant de choses.
Ma santé est toujours languissante ; mon tempérament a toujours été assez délicat ; l'âge et les chagrins ne le fortifient pas
de Françoise d'Aubigné, marquise de MAINTENON dans Lett. au duc de Noailles, 9 juin 1703
Hélas ! servez de guide à mes pas languissants !
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Fanat. IV, 4
J'ai senti ranimer ma force languissante
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Orph. I, 2
Cet amour, dites-vous, qui vous touche pour elle, Fut d'un feu passager la légère étincelle ; Ses imprudents refus, la colère et le temps En ont éteint dans vous les restes languissants
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans ib. III, 4
Je cours y ranimer sa languissante vie
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans ib. IV, 6
Rien de sa languissante vie Ne peut ranimer le flambeau ; Sa jeunesse sera flétrie Avant l'herbe de la prairie, Avant le pampre du coteau
de MILLEV. dans Chute des feuilles.
Ma soeur, ce vase échappe à vos bras languissants
de Casimir DELAVIGNE dans Paria, II, 6
Regards languissants, regards qui marquent beaucoup d'abattement ou beaucoup d'amour.
2
Qui est sans vivacité ni ardeur.
Celle [ardeur] qui vous pressait de courir au baptême, Languissante déjà, cesse d'être la même
de Pierre CORNEILLE dans Poly. I, 1
Ne soyez pas prompt à parler et languissant à faire
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Polit. V, II, 8
Ainsi parle un esprit languissant de mollesse
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. IX
Je m'agite, je cours, languissante, abattue
de Jean RACINE dans Bérén. IV, 1
Il se dit aussi des choses en ce sens.
On me promettait 1400 livres à Paris le 20e du mois passé, dont je n'ai point encore entendu parler.... ces manières lentes et languissantes me déplaisent fort
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans (sans date) n° 1397, éd. RÉGNIER.
Que ne puis-je moi-même, Échauffant par mes pleurs ses soins trop languissants, Mettre dans ses discours tout l'amour que je sens ?
de Jean RACINE dans Baj. IV, 1
3
Qui n'a ni force ni vivacité, en parlant des ouvrages d'esprit.
Épier si des vers la rime est brève ou longue, Ou bien si la voyelle, à l'autre s'unissant, Ne rend point à l'oreille un vers trop languissant
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Satires, le Critique outré.
Bienheureux Scudéry, dont la fertile plume Peut tous les mois sans peine enfanter un volume ; Tes écrits, il est vrai, sans art et languissants, Semblent être formés en dépit du bon sens
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. II
Le faux est toujours fade, ennuyeux, languissant
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Ép. IX
4
Qui est sans activité, sans mouvement, en parlant des choses. Des affaires languissantes. Une conversation languissante.
Un amusement languissant l'ennuiera
de Blaise PASCAL dans dans COUSIN

SYNONYME

1
LANGUISSANT, LANGOUREUX. Ces deux mots ne diffèrent que parla finale, le radical est le même. Ils ne sont synonymes que quand il s'agit de la langueur d'amour. Des regards languissants peuvent l'être soit par souffrance, soit par amour ; des regards langoureux n'ont que le dernier sens. En outre, l'usage a mis à langoureux une certaine nuance de moquerie qui n'est pas dans languissant. Il faut ajouter qu'appliqués aux vers, ces deux mots ont des sens très différents : langoureux signifie qui affecte la langueur d'amour ; des vers langoureux ne sont pas du tout des vers languissants, quoiqu'ils puissent l'être s'ils sont mauvais ou insignifiants.

HISTORIQUE

1
XVIe s.
Et ces beaux yeux clers et resplendissans, Qui m'ont navré, deviennent languissens
de Clément MAROT dans II, 274
Fais le begue et le las d'une voix molle et claire, Ouvre ta languissante et pesante paupiere
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans Tragiques, II